Madame Musaraigne et le sac sensoriel


Causeries psychomot' / 22 septembre 2019

 

« La mémoire est dans le coeur. »

Madame de Sévigné ; Lettre à Mme de Grignan 09/09/1671

 

Je compléterai la citation de Madame de Sévigné par la mémoire est dans le coeur et  dans le corps. Voici ma brève introduction pour vous partager ma contribution à l’instantpsychomot organisé sur Instagram qui traitait cette semaine de la sensorialité.

En tant que psychomotricienne et qui plus est en exerçant en gériatrie, je travaille souvent sur la mémoire sensorielle. Vous la connaissez forcément, c’est cette petite mémoire qui à l’écoute d’une mélodie, au contact d’une matière ou encore en présence d’un parfum vous renvoie un flash mnésique plus ou moins net d’un vieux souvenir enfoui. Parfois ce souvenir est teinté d’une émotion positive ou parfois négative.

C’est la mémoire à l’oeuvre dans la madeleine de Proust.

Peu de temps après avoir commencé à travailler, j’ai été confrontée à une prise en soins particulièrement difficile émotionnellement parlant. Je me suis retrouvée à prendre en soins Madame Musaraigne, une petite brindille toute frêle d’une cinquante d’années dont la pathologie était déjà très avancée et qui évoluait beaucoup trop rapidement pour qu’elle et ses proches aient le temps de s’adapter un tant soit peu.

Avec le cortège de troubles neurologiques qui l’empêchaient de réaliser à peu près toutes les activités de la vie quotidienne, venait s’ajouter l’anxiété. J’ai observé ma petite Musaraigne qui en fin de séance était gagnée par des angoisses qu’elle ne pouvait pas exprimer verbalement (oui parce que la maladie de Madame Musaraigne lui avait également fait oublier les mots). J’ai remarqué qu’avec ses petites mains toutes lisses et bien trop jeunes, elle touchait, triturait, tiraillait et caressait soit le bout de son gilet, une serviette qui traînait sur la table ou encore un mouchoir tombé sur ses genoux. Il se trouvait qu’avant la maladie Madame Musaraigne aimait beaucoup les vêtements et les bijoux. Ma Musaraigne était très coquette.

Je m’étais donc mise en quête de tissus, de perles, de rubans pour lui confectionner un sac sensoriel sur l’idée du sac d’Augustine du nom de la première patiente pour qui une soignante d’un EHPAD l’avait réalisé.

Ce sac avait donc pour fonction d’apaiser Madame dans des moments d’anxiété mais aussi d’être un médiateur relationnel entre elle et son mari / les animateurs de l’accueil de jour … Madame appréciait beaucoup de toucher et sortir les tissus et autres babioles accrochés au sac. Cela permettait d’avoir un temps d’échange autour du ressenti. Je lui demandais si ce tissu était agréable ou non ce qui générait selon les tissus de petits sourires. Cela semblait faire sens pour elle.

 

 

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